Video Girl
Le chef d'oeuvre

 

INTRODUCTION :

    Oeuvre majeure de KATSURA, Video Girl est un de ces chef d'oeuvre qui a grandement contribué au développement du Manga dans notre beau pays. Histoire d'amour par excellence, cette série est rapidement devenue une référence. Nous ne pouvions donc pas faire l'impasse sur un tel phénomène de société. Lisez plutôt.

 


L'histoire :

    Yota MOTEUCHI est un lycéen timide et maladroit, surtout avec les filles. A un tel point que tout le monde l'appelle MOTENAI (en effet, son nom de famille peut se lire de 2 façons : MOTEUCHI, qui ne veut pas dire grand chose, ou encore MOTENAI, qui signifie "Celui qui ne plait pas aux filles").
Sa vie est calquée sur les magazines qu'il lit : son look, son comportement, sa manière de draguer, etc... Il n'a qu'un seul ami (d'enfance) : Takashi NIMAI, beau gosse réservé et froid, celui après qui courrent toutes les filles.
Yota est amoureux de la plus belle fille du lycée : Moemi AYAKAWA. Il rêve souvent d'elle bien qu'il ne la connaisse que de vue : ils ne se disent pas bonjour, il ne l'a même jamais touchée, elle sait à peine qu'il est dans sa classe.
Le problème, c'est que Moemi est amoureuse de Takashi. Après une déclaration feinte, elle découvre que son amour n'est pas réciproque. Ne connaissant que trop bien la peine qui touche Moemi, Yota sacrifie son amour et décide de l'aider à conquérir le coeur de Takashi.
Effondré, Yota rentre chez lui. Sur le chemin du retour, il se retrouve devant un nouveau vidéo-club qu'il n'avait jamais vu auparavant : le GOKURAKU.
Un vieil homme l'accueille et lui dit que ce vidéo-club est spécial car il ne peut etre trouvé que par les personnes au coeur pur. Malgré quelques doutes, Yota loue quand meme une cassette : "Je te consolerai".
    Une fois la cassette dans le magnétoscope, une jeune fille apparaît à l'écran et lui parle de son chagrin comme si elle savait ce qui s'était passé. Devant tant de gentillesse et de réconfort, Yota n'a qu'un souhait : que cette jeune fille soit près de lui.
C'est là que, croyez-nous ou pas, son désir se réalise : elle sort de la télévision.
Elle s'appelle Ai AMANO, elle a 16 ans, c'est une Video Girl (une fille qui sort de la télé, quoi...). Sa mission : consoler les garçons et leur faire oublier leur chagrin d'amour. Mais le magnétoscope de Yota ayant reçu un choc, le caractère de Ai passe de celui d'une jeune fille élégante et posée à celui d'un vrai garçon manqué. Elle est là pour 3 mois et elle va tout faire pour que Yota plaise à Moemi.

Les bases de l'histoire sont posées

    C'est sur ces bases fantaisistes que KATSURA construira ce qui est sûrement, à ce jour, la plus belle histoire d'amour que le Manga ait jamais connue. Malgré des situations un peu niaises ou parfois trop épiques, KATSURA nous montre les nombreuses facettes de l'amour : profond, imprévisible, dur à accepter, il peut aussi bien construire le bonheur que le détruire.

Les personnages :

    La force de ce manga, ce sont les personnages sur lesquels KATSURA a effectué un incroyable travail, tant au niveau psychologique que sentimental. Leurs personnalités sont très approfondies et les rend humains au point qu'on a l'impression de les connaître depuis toujours.
Ils ont tous une importance dans le déroulement de l'histoire et l'évolution du héros. Mais plus que des personnages, chacun d'entre eux représente un symbole particulier, un sentiment lié à l'amour. Il est vrai que ces traits sont parfois exagérés (la pureté et la sincérité de Yota par exemple), mais ce n'est que pour mieux transmettre les messages dont ils sont porteurs.

Yota et Ai
Ce sont les personnages les plus travaillés (normal, ce sont les héros). On connait tout d'eux et on s'y identifie facilement.
Yota, fragile et faible au départ, évoluera beaucoup pour finalement devenir fort et mature. Il réalisera ses rêves seul (devenir dessinateur pour enfant) et sortira même avec plusieurs filles.
, drôle et forte au départ, elle dévoilera peu à peu ses faiblesses et découvrira l'amour, une grande nouveauté pour elle qui n'est pas censée connaître les sentiments humains. A cause de cela, elle est considérée comme une Video Girl défectueuse.
L'histoire est basée sur leur relation et les obstacles qu'ils rencontreront au fur et à mesure (durée de vie et amnésie de Aï, sentiments changeants de Yota, etc...). Ils symbolisent l'amour dans toute sa force, sa pureté et sa solidité malgré les épreuves imposées.

 


Nobuko
Première petite amie de Yota, elle est en quelque sorte son "initiatrice". Avec elle, Yota découvre les difficultés de l'amour qu'il idéalisait trop. C'est au moment de leur séparation qu'on se rend compte qu'en amour, rien n'est jamais acquis.
Derrière sa joie de vivre et son courage devant les épreuves, Nobuko se révèle être fragile sentimentalement et nous fait penser à un Yota au féminin, croyant jusqu'au bout à l'amour.
On peut noter un paralèlle intéressant entre les relation de Yota/Moemi (avant qu'ils ne sortent ensemble) et de Nobuko/Yota. En effet, lors de sa relation avec Yota, Nobuko se retrouve, sans s'en apercevoir, à la place de Yota quand celui-ci ne rêvait que de Moemi et de l'amour utopique auquel il aspirait.

 



Moemi
On ne commence à la connaître réellement qu'à partir du volume 6. Passant pour une déesse inaccessible, c'est elle qui fera finalement le premier pas vers Yota. Elle en tombera amoureuse et ne voudra plus le quitter.
Ayant été fortement déçue par l'amour (Takashi ne l'a jamais aimée et elle a failli se faire violer à cause de lui), elle se raccrochera de toutes ses forces à Yota, le seul à l'avoir jamais comprise et aimée. C'est pour elle mais aussi pour lui qu'elle se battra contre ses peurs (viol).
Quand elle s'apercevra que Yota se tourne de plus en plus vers , elle se fera couper les cheveux pour lui ressembler (jalousie) et ira jusqu'à lui offrir sa virginité (qu'il refusera, le crétin !). Elle n'a qu'une crainte, se retrouver seule à nouveau.
Moemi est sûrement un des personnages à avoir le plus souffert dans la série et on ne la voit que très rarement heureuse. Trop peu aimée par Takashi puis trop aimée par Yota, elle est le symbole même de la déception amoureuse. Malgré ses soufrances passées, elle prendra, à la fin de l'oeuvre, un nouveau départ et continuera à croire en l'amour.

 


Takashi
Très mur physiquement et mentalement, il passe pour le Dom-Juan de service qui collectionne les filles sans s'y attacher. Alors qu'on aurait pu penser que c'est un égoïste fini, il s'agit en fait d'un mec bien, généreux, soucieux de ses amis qu'il va aider par trois fois (il recueillera malade, il ouvrira les yeux de Moemi sur Yota et retrouvera Koji, le petit ami de Natsumi). C'est également lui qui endossera la responsabilité de l'agression de Moemi alors qu'il n'y est absolument pour rien. Il aprécie beaucoup Yota et fera du mieux qu'il pourra pour l'aider à sortir de sa léthargie, vaincre sa timidité et ses difficultés avec les filles.
A l'inverse de Moemi, Takashi représente la personne blasée par l'amour, qui n'en espère rien et qui n'y croit pas. Antipode de Yota, ils possèdent chacun les qualités qui font défaut à l'autre. Là où Yota réfléchit trop, Takashi agit. Là où Takashi manque d'altruisme, Yota ouvre son coeur.

 

 

Natsumi
Sortie de nulle part, c'est une heureuse rencontre de Yota. Seconde femme forte de la série, c'est elle qui aidera Yota à de nombreuses reprises. Son envie de vivre malgré son histoire avec Koji et sa maladie cardiaque nous montre la force d'une volonté inébranlable qui peut faire des miracles. Partie trop tôt, sa mort est sûrement une des plus tristes jamais lues. Personnellement, à chaque lecture de ce passage, on se retrouve dénué de toute envie.

 


Koto, Mai et les créateurs des Video Girls
Au départ, on pourrait les prendre pour des bienfaiteurs mais on découvrira plus tard qu'ils représentent la négation de l'amour. Les Video Girls sont là pour dégoûter les hommes de l'amour en leur faisant se rendre compte que ce sentiment est seulement physique, inutile et insensé qui ne devrait pas exister. On pourrait penser qu'ils ont raison et que leurs théories sont fondées, mais le fait que ces personnages possèdent un côté sombre, violent, voire cruel, nous pousse à les craindre et à rejeter leurs idées. S'ils avaient été dessinés sous des traits aimables et réconfortants, on aurait pu se poser la question.

 



La plus belle mais aussi une des plus compliquées .

    Pour une histoire d'amour, la série possède pas mal de volumes : 13 pour être précis. Il faut dire que dès le départ, KATSURA avait une idée en tête : dépasser le nombre de volume de sa précédente série, Wingman, qui comportait déjà 13 numéros.
Voilà pourquoi il fait durer Video Girl Aï le plus longtemps possible, multipliant les rebondissements, les quiproquos, les indécisions, les (grosses) prises de tete, les méprises et inventant toujours de nouveaux prétextes pour allonger la série. On peut facilement citer des exemples : la disparition de , sa réapparition, son amnésie, Yota sort avec Nobuko, redécouvre ses sentiments oubliés, Yota sort avec Moemi, Yota se lance dans la carrière de dessinateur, l'apparition de Mai et de Natsumi, l'épisode de Koji, Moemi se fait agresser, et la liste est encore longue.
S'il l'avait voulu, l'auteur aurait pu arrêter cette série au volume 3, Yota ayant trouvé l'amour en présence de et ayant vaincu les démons de son passé. KATSURA aurait pu mettre fin à l'oeuvre une seconde fois au volume 8, Moemi et Yota sortant finalement ensemble, la mission de était donc accomplie et sa bande vidéo bientot terminée nous laissait prévoir un départ proche.

    Mais éternel insatisfait, KATSURA utilise un dernier truc pour rallonger sa série. Video Girl Aï étant finie et n'ayant besoin d'aucune suite, il décide de faire apparaître une nouvelle Video Girl avec une nouvelle mission. Mais plutôt que de l'insérer dans l'histoire de ou, à l'opposé, d'écrire un nouveau scénario ne tenant pas compte des 13 volumes précédents, KATSURA fait preuve d'une grande ingéniosité et nous offre ce qu'on pourrait appeler une "suite" en 2 volumes plutôt réussie : Video Girl Len.


LEN

L'histoire :

    Hirome TAGUCHI est un lycéen timide et maladroit passionné par le dessin. Mais il souffre d'un gros problème depuis son plus jeune âge. En effet, il idéalise les filles au point qu'il a du mal à imaginer qu'elles peuvent aussi aller aux toilettes, péter, vomir ou pire, faire des cochonneries. Ayant souffert d'une cruelle déception amoureuse dans son enfance, il se refuse au moindre sentiment à l'égard des filles.
Mais l'amour vous prend par surprise et c'est en allant à son cours de dessin qu'il aura le coup de foudre pour Ayumi SHIRAKAWA, une charmante lycéenne.     Hélas des rumeurs prétendant qu'Ayumi couche avec le premier venu parviennent au oreilles de notre jeune héros. C'est fou de rage et bien décidé à prouver le non-fondé de ces ragots qu'il invite Ayumi à sortir avec lui (au prix d'un effort surhumain !).
Mais le rendez-vous tourne mal et les rumeurs disent parfois la vérité.
    C'est le coeur en miettes et les larmes aux yeux qu'Hirome rentre chez lui. Sur le chemin du retour, alors qu'il se fait consoler par Toshiki, son ami d'enfance, un nouveau vidéo-club apparait devant eux : le Neo-Gokuraku.
Une fois à l'intérieur, un vieil homme leur proposera de louer une cassette gratuitement. Toshiki choisira "On va s'aimer", la fille sur la jaquette lui plaisant beaucoup.
    Comme vous vous en doutez, cette meme fille sortira de la télévision d'Hirome. Elle s'appelle Len MOMONO et fait partie de la nouvelle génération de VideoGirl. Elle fera de son mieux pour qu'Hirome se fasse aimer d'Ayumi.

Video Girl Len, la suite de Video Girl Ai.

    On ne peut pas parler de véritable suite, mais plutôt d'une continuation. En effet, même s'ils ne font que de brèves apparitions, on retrouve les héros de Video Girl Ai et on constate avec bonheur qu'ils ont évolués dans la vie, un peu comme si on retrouvait ses vieux amis 10 ans après (on pourrait en faire une chanson, non ?) : Shinaï travaille pour un nouveau vidéo-club dont la politique est opposée à celle de Gokuraku, Yota est devenu le professeur de dessin du héros, Ai est sa femme. On assiste même aux retrouvailles entre Yota et Shinaï.

La suite, mais pas (tout à fait) la meme chose...

    Pour commencer, l'histoire est beaucoup moins longue puisqu'elle tient en un seul volume 1/2 et est donc beaucoup moins développée. Le scénario est simple et linéaire, il y'a donc moins de prise de tête. La base de l'histoire est identique (un chagrin d'amour), mais le rôle de la Video Girl est différent (elle aide le héros et ne le console pas seulement) et son caractère est plus puéril, plus "gamine". La fin, totalement différente, est un peu triste mais cette fois-ci, personne n'est lésé, contrairement à Video Girl Aï.

Des personnages moins charismatiques

    Pour ne pas risquer de se répéter, KATSURA n'a pas beaucoup travaillé les personnages de Video Girl Len.
En effet, Len étant quasiment identique à , elle n'apporte rien de neuf. Il en va de même pour Toshiki, le meilleur ami du héros, qui offre seulement quelques rires.     Seul le caractère du héros nous a marqué. Il faut dire que Hirome est le héros le plus naif de l'histoire du Manga. Il vit dans un monde à part et ses réactions avec les filles sont trop extrêmes pour etre réalistes. Résultat, on a du mal à s'identifier. KATSURA a un peu abusé, mais il a volontairement grossi les traits pour bien montrer le mode de pensée du héros avec le peu de temps dont il disposait.

"C'est un peu court, jeune homme..."

Video Girl Len est une bonne suite (ou plutôt continuation) de Video Girl Ai, mais on aurait vraiment bien aprécié quelques chapitres supplémentaires, histoire de creuser un peu plus le concept. Il est dommage qu'Hirome, complétement paumé au départ accepte tout d'un coup de sortir avec une fille non vierge alors qu'il ne suportait pas l'dée qu'une fille puisse simplement roter. On a une légère impression de travail fait "à la va-vite".
A part ça, rien à redire. Toshiki est drôle, Len est attachante et tout est bien qui finit bien.

 

 

 



HARUNO

L'histoire :

    Munehiro est amoureux de Hiroko, serveuse dans un café. A cause d'un malheureux incident, il se fait jeter par cette dernière. Sur le chemin du retour, il tombe sur un nouveau vidéo-club. Pensant qu'il s'agit d'un film porno, il choisit la cassette d'une certaine Haruno. A cause d'un mauvaise manipulation de magnétoscope, Haruno sort bien de la télé mais avec un caractère de garçon manqué au lieu d'etre douce et féminine. Etant une Video Girl, elle va aider Munehiro à draguer Hiroko.

Haruno, le pilote

    Au vu des dessins très simples, de la taille de l'histoire (environ 50 pages) et de certains détails (le vidéo-club n'a pas encore de nom et encore moins de gérant), on voit bien que cette petite histoire bonus est en fait le pilote de la série écrit en 1989 (cf. Biographie).
Néanmoins, l'ensemble s'avère très sympa, les caractères des personnages sont moins romancés, plus réalistes (par rapport à Yota et Hirome). L'auteur a fait le minimum, tant au niveau des dessins, des personnages ou encore du scénario.
On a beaucoup aprécié la fin, émouvante et bien pensée.
Cet épisode est très court mais tout de même réussi.

 

 

 




CONCLUSION :

    Véritable manga culte, Video Girl est une série que chacun se doit de posséder. Les dessins sont réussis et ne cessent de se bonnifier. L'histoire est un peu longue mais on la lit avec énormément de plaisir et avec une constante envie de savoir la suite. C'est beau, c'est triste, ça vous prend au ventre, ça touche le coeur, c'est romanesque, c'est du shojo dessiné par un homme.
    Il s'agit d'une des rares séries qui ne peut que plaire à un public très large. Tout le monde devrait la lire, surtout les détracteurs du Manga qui réviseront sûrement leur jugement après la lecture de ce pur chef-d'oeuvre.
    Video Girl pose les fondements du style KATSURA et beaucoup d'éléments de cette oeuvre se retrouveront dans les suivantes.