Zetman
INTRODUCTION
Recueil de 1994 composé de quatre histoires fantastiques, Zetman est là pour nous montrer l'intérêt que porte KATSURA à la science-fiction. C'est à se demander, après avoir lu cette oeuvre, si c'est bien le même qui a écrit I"s ou Video Girl.
Les histoires :
Zetman : Jin KOURONO est programmeur de jeux vidéos. Son dernier projet, Zetman, consiste en un jeu interactif où le héros serait un justicier qui évoluerait en fonction de la qualité de ses points de justice, bons ou mauvais. Mais un soir d'orage, un éclair tombe sur sa maison et un choc électrique le fait fusionner avec son jeu. Il se retrouve alors dans la peau de Zetman et se fixe pour but de devenir le justicier suprême. Mais déçu par la justice, il emploiera des méthodes punitives sans aucune compassion.
Shin no shin : En 2048, Makisaka, alors âgé de 76 ans, envoie dans son passé de lycéen un robot tueur afin qu'il se débarasse de Shin-no-shin, un camarade de classe qui lui a volé Manami, la fille dont il était amoureux à l'époque. Mais Shin est un garçon très "droit" et surtout très fort qui ne se laissera pas faire.
Woman in the man : Garçon peureux, voire lâche, Gôriki Tsuyomaru doit défendre l'honneur de son dôjô contre l'école Yashin. N'ayant absolument aucune chance, Azumi, son amie prenant toujours sa défense, décide de l'entraîner. Mais la machine bizarre censée aider Tsuyomaru s'emballe et après de grosses perturbations, Tsuyomaru se retrouve dans le corps d'Azumi et vice-versa.
Shadow Lady : Aïmi KOMORI est une jeune fille timide et nulle en sport. Un soir, alors qu'elle a le cafard, sa grand-mère lui fait cadeau d'une boîte contenant un reste de fard à paupière censé faire d'Aïmi une fille "pas comme les autres". Sans y croire, elle l'essaye et là, la magie du maquillage opère ! Elle se transforme en Shadow Lady et sa première "mission" est de se venger de Might, un nouvel élève qui se prend pour un justicier et qui s'est moqué d'elle.
Quand la science-fiction dépasse la réalité
Passionné par la science-fiction
depuis son plus jeune âge, KATSURA nous offre ici un bel éventail
de ses capacités en la matière. On retrouve les thèmes
qui sont chers à l'auteur et que l'on retrouve assez souvent dans ses
oeuvres : super héros, transformations, échange de corps, voyage
temporel, justice, la totale quoi. On ressent bien certaines influences, la
plus forte étant celle de Batman dans Zetman. Vous n'avez qu'à
jeter un coup d'oeil sur le fond d'écran.
Notons d'ailleurs l'originalité de Zetman
où le héros fait plus office de punisseur que de justicier. En
effet, faisant de la justice une affaire personnelle, Jono obéit
aveuglément à ses pulsions destructrices envers les malfrats,
quel que soit leur crime. Le meurtre comme l'irrespect, avec lui, tout se finit
en punition exemplaire et violente. Même si nous ne cautionnons pas ce
genre d'agissement, on peut dire que ça fait du bien de voir un héros
plus méchant que gentil. Pour une fois qu'on n'entend pas le sempiternel
refrain : "Je défends l'amour et la justice au péril de ma
vie !", ça change agréablement. Le héros en devient
beaucoup plus humain et on s'identifie plus facilement à lui. Avouez
qu'après un vol ou une agression, vous défonceriez volontiers
la gueule des coupables, non ? (soyez sincère !). La fin va également
à contre-courant de tout ce qu'on a vu jusque là, Jono
choisissant de perdre toute humanité. C'est à ce moment qu'apparaît
la justice suprême, quand plus aucun sentiment n'entre en jeu, quand ce
n'est plus un homme qui la rend.
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En ce qui concerne Shin-no-shin, il s'agit très
nettement des premices de DNA². Dans ces deux oeuvres, le voyage
dans le passé et la modification du cours du temps sont la trame originelle,
bien qu'ensuite on laisse ce thème de côté pour suivre l'intrigue
principale, à savoir des combats (assez violents) et une histoire d'amour.
Pas grand chose à dire. Si vous voulez en savoir plus sur les voyages
temporels et le cours du destin, nous vous renvoyons à la page de DNA²
ou les explications seront plus complètes. Pour finir, on peut juste
remarquer l'anchronisme du héros qui semble tout droit sorti du Japon
médiéval. Cela renforce plus encore l'opposition entre le méchant
qui vient du futur et le gentil qui vient du passé. Le passé meilleur
que le futur, certains y verront peut-être un message métaphorique,
mais nous ne pensons pas que KATSURA soit aller jusque là. Nous
pensons qu'il s'agissait là d'une simple fantaisie.
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Woman in the man est plutôt original bien
que le déroulement de l'histoire soit facilement prévisible. Le
thème du changement de corps est assez original, mais la nouvelle en
général donne une impression de travail bâclé. Si
l'auteur l'avait un peu plus développé, ne serait-ce qu'une centaine
de pages, le résultat aurait été tout à fait honorable.
De plus, un manque de réalisme nous empêche d'accrocher totalement
(jetez un oeil sur les "tenues de karateka" des adversaires et vous
serez convaincu). Dommage, car la série commence bien, mais les dernières
pages freinent notre engouement. Un seul message, celui d'accepter la part du
sexe opposé que chacun(e) possède en soi afin de s'améliorer.
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Pour Shadow Lady, pas grand chose à dire
plus. Il faut avouer que le thème de la transformation (une petite fille
timide nulle en sport devient capable de toutes les prouesses) n'est pas très
original, mais cette fois-ci, l'objet de transformation est typiquement féminin
: du maquillage. Adieu bâtons et autres bracelets. Ici, la femme est libérée
et le fait savoir. Côté scénario, on aurait préféré
que KATSURA garde les bases de ce pilote - c'est à dire du maquillage
magique transmis depuis des générations et un Demo peluche
à la base - plutôt que de s'engager dans une histoire trop classique
pour être accrocheuse - Shadow Lady doit sauver le pays maléfique
(d'où vient Demo) et la Terre des méchants démons.
Les trois volumes de Shadow Lady auraient peut-être alors connu
un autre destin.
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Ode à l'amélioration
Que nous montre KATSURA au travers
de ces quatre histoires ? C'est très simple. Après un événement
fantastique, un personnage simple devient quelqu'un d'autre. Mis à part
dans Zetman, où la personnalité du héros se perd
dans l'incarnation de la justice (la forme ultime du dévouement), tous
les autres héros et héroïnes de ces nouvelles arrivent à
retirer les points forts de leur expérience pour parvenir à s'améliorer.
Shin-no-shin est alors droit, mais plus rigide. Tsuyomaru se masculinise
et Azumi se féminise. Enfin, Aïmi trouve du courage
et de la volonté en elle.
Quatre nouvelles pour vous dire qu'il faut être fort et réussir
à passer les épreuves imposées afin de devenir meilleur.
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CONCLUSION
Les 4 nouvelles que composent Zetman sont plutôt
sympas et vous permettront de passer un agréable petit moment. Le seul
regret qu'on puisse avoir étant celui qu'elles ne restent que des nouvelles.
Zetman et Woman in the man auraient pu faire de
bonnes petites séries. Zetman reste néanmoins un bon investissement
pour tout fan de KATSURA qui se respecte et nous montre un aspect peu
connu en France de l'auteur : la science-fiction (eh oui, il ne fait pas que
des histoires d'amour !).
Mais attention, il s'agit de science-fiction cinématographique (Batman)
ou inspirée de siècles de littérature fantastique (voyage
dans le temps) et non pas de la science-fiction qu'on voit habituellement
dans les manga (3x3
eyes, Hoshin,
Yuyu
Hakusho, etc...). On y trouve également les sentiments chers au coeur
de KATSURA : justice et dépassement de soi.